Note: Nous avons présenté hier la perspective idéaliste sur l’avenir du PQ. Voici le second volet de mon analyse.
Les réalistes
Plusieurs péquistes sans que l’on puisse les dénombrer, ont maintenant acquis la conviction que la souveraineté est un objectif dorénavant inatteignable. Elle repose sur certains constats:
1- Après cinquante ans d’efforts, l’option souverainiste n’a pas progressé. Elle a même régressé.
2- La structure démo-linguistique du Québec constitue un handicap important : 20% de sa population, en l’occurrence les anglophones et les allophones, ont choisi son camp : le Canada. Au surplus, la Charte des valeurs a probablement repoussé pour longtemps la plus grande part des immigrants maghrébins chez les libéraux.
3- Les Québécois d’origine canadienne-française qui sont les porteurs historiques de la conscience nationale sont eux-mêmes fortement divisés.
Le premier défi de ces souverainistes « démissionnaires » est, tout en « s’accommodant » dorénavant du cadre fédéral, de se trouver une niche politique qui va promouvoir le développement optimal de la nation québécoise.
Toutefois, le terrain fédéraliste est déjà occupé par le PLQ et la CAQ, encore que ce dernier loge dans un no man’s land politique. D’après sa constitution, il se dit « par-delà les divisions entre souverainistes et fédéralistes » ! Bref, il n’est ni d’un bord ni de l’autre, bien au contraire!
Pendant la campagne, François Legault a cependant déclaré vouloir « fédérer les nationalistes ». On le comprend : l’enjeu est la prise du pouvoir aux prochaines élections. Pour y arriver, son premier défi est de récupérer les votes des démissionnaires du PQ et des transfuges passés au PLQ.
La CAQ passe pour un parti nationaliste mou. Son défi sera de recadrer celui-ci, sans doute en lui redonnant plus de vigueur pour attirer les ex-souverainistes sans effaroucher les nationalistes libéraux.
Au total, les idéalistes comme les réalistes font un pari incertain sur l’avenir. Il s’agit de savoir lequel des deux est le plus raisonnable.