Le Devoir de ce matin a bien voulu publier la lettre que je lui ai transmise dimanche au lendemain de l’installation des 18 nouveaux cardinaux à Rome parmi lesquels se trouvait l’archevêque de Québec, Cyprien Lacroix. Voici ce texte:
Chaque société porte ses contradictions. L’Église n’en est pas exempte non plus. Ainsi le pape François a choisi son nom en mémoire de François d’Assise, fondateur d’un ordre mendiant dont les membres portaient une bure et marchaient pieds nus dans des sandales. Et dès son élection, François a annoncé qu’il voulait une Église pauvre et tournée vers les pauvres.
Mais voilà que samedi, il présidait à Rome à l’installation de nouveaux cardinaux, dont celui de Québec. Ils avaient revêtu des soutanes rouge écarlate et François leur a remis une barrette aux mêmes éclats. Cette coiffure sortie du moyen-âge et est apparemment l’insigne de leur charge!
Cette garde-robe ostentatoire fut inventée au temps où les évêques et archevêques provenaient des familles nobles d’Europe. Ils devaient alors tenir leur rang au milieu des ducs, des comtes et des barons. Leurs attributs vestimentaires servaient à cela. Quant aux cardinaux, ils devenaient « princes » de l’Église; il fallait que cela soit reconnu sans équivoque.
On connaît les fonctions essentielles des cardinaux : participer à la gouvernance centrale de l’Église et élire le pape. C’est là un service important. Mais rattacher à la nomination de ceux qui sont appelés à le rendre, un cérémonial digne de la Renaissance où priment l’honneur et le faste, cela n’est pas digne d’une Église servante et pauvre. Encore moins de son fondateur né dans une mangeoire et vêtu d’une seule tunique que des Romains se sont empressés de tirer au sort au pied de la croix où il est mort.
Espérons que d’ici le prochain consistoire, François saura trouver le moyen, avec l’appui de ses cardinaux, de réaliser ses idéaux.
Cela dit, merci au nouveau cardinal de Québec pour le service qu’il est appelé à rendre à l’Église.