ATHÉISME, GANGRÈNE ET RELIGION

Je recevais la semaine dernière un courriel personnalisé de l’Association humaniste du Québec qui commençait ainsi :

« L’Association humaniste du Québec (AHQ) est une association de gens cherchant à développer et promouvoir l’humanisme séculier. […]. Vous recevez ce courriel parce que votre adresse courriel figure sur la liste des personnes que nous estimons humanistes et influentes au Québec. »

Je me suis senti honoré. On m’offrait en même temps de me faire parvenir gracieusement par courriel le bulletin de l’Association intitulé : Québec humaniste.

J’ai donc parcouru le bulletin pour y lire ce qui suit du président de l’Association, M. Michel Pion : « À mon avis, je demeure persuadé que la religion est une gangrène du genre humain qui mérite d’être relégué au passé au même titre que la chasse aux sorcières ou les saignées comme traitement médical. »

J’ai donc répondu ce qui suit à l’invitation qui m’était faite :

« J’ai beaucoup d’intérêt pour la cause de la laïcité à laquelle j’ai œuvré pendant longtemps et à laquelle je continue d’apporter mon soutien. J’estime aussi que l’athéisme que professe votre association se défend très bien rationnellement. J’ai pour ma par trouvé chez André Compte Sponville des arguments fort convaincants dans son beau livre L’Esprit de l’athéisme. Et pourtant, je suis croyant et engagé dans ma communauté chrétienne, malgré les vicissitudes de l’histoire ancienne et actuelle de la religion dont elle ne détient pas néanmoins le monopole. Je crois aussi que la culture chrétienne est riche et je m’applique à la comprendre, l’approfondir et à la faire connaître au sein du Centre culturel chrétien de Montréal dont je préside le comité de programmation. »

J’estime que ce jugement ne fait pas honneur à votre association et qu’elle contredit même votre position, que je partage, sur la liberté de religion et de conscience. »

J’ajoute ici trois remarques  :

  1. Si la religion est une « gangrène du genre humain », les nations ont eu tort d’en faire un droit fondamental. On combat la gangrène, on ne la défend pas.
  2. Il est difficile de soutenir que le Panthéon romain, les pyramides d’Égypte, Notre-Dame de Paris, le collège des Jésuites de Québec en Nouvelle-France,  la toccate et fugue de Bach, la Piéta de Michel-Ange, l’engagement de Fernand Dumont, l’œuvre de Mère Thérèse sont tous des œuvres gangrénées.
  3.  Pour la fréquenter et tenter de la comprendre, j’estime que la pensée athée est digne d’estime et de respect. Hélas, en lisant ce que j’ai lu sur le site de l’AHQ, je suis d’avis qu’elle se discrédite.

3 réflexions au sujet de « ATHÉISME, GANGRÈNE ET RELIGION »

  1. Stéphane Martineau

    Les religions ont apporté de la lumière mais aussi de l’obscurité en ce monde. Institutions humaines, elles sont imparfaites. Les ostraciser en raison de certaines dérives est un peu facile.

  2. Ping : LE PROGRAMME ECR: FIN PROBABLE DU DÉBAT JUDICIAIRE | LE CARNET DE JEAN-PIERRE PROULX

  3. michelthys

    Même s’il est maladroit de le dire aussi crûment, je pense aussi que la religion est une gangrène, parce qu’elle exploite la crédulité, la quête de sens, le besoin d’espérance, via l’espoir d’un paradis imaginaire et la crainte d’un châtiment infernal. En outre, chaque religion impose son dieu, son prophète et son livre « sacré », sa « Vérité », ce qui est à l’origine de l’intolérance et de la plupart des conflits passés, présents et à venir.

    Invoquer la beauté des oeuvres d’art religieux et des édifices religieux, l’apostolat de Mère Thérésa, etc. ne prouve évidemment pas l’existence réelle d’un dieu, d’ailleurs concrètement absent depuis toujours. Il n’aurait donc qu’une existence subjective, imaginaire et illusoire, à la suite d’une éducation religieuse précoce et d’un milieu croyant, ce qui laisse généralement des traces indélébiles dans le cerveau émotionnel, puis rationnel, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect. Pire : toutes les religions occultent ou dénigrent les options non confessionnelles, ce qui constitue à mes yeux une malhonnêteté intellectuelle et morale..

    Hélas, les religions (en particulier l’islam, le protestantisme évangélique, et le catholicisme) continueront encore longtemps à exploiter la composante irrationnelle et atavique de l’être humain. Mais au fil des générations, du moins dans la plupart des pays intellectualisés, la religiosité est en chute libre, car l’aspiration à l’autonomie de la conscience et à la responsabilité individuelle est plus forte que l’incitation à la soumission, fût-ce à des degrés divers.
    Michel THYS, en Belgique.
    http://michel.thys.over-blog.org/article-une-approche-inhabituelle-neuroscientifique-du-phenomene-religieux-62040993.html

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